23 février 2013

Obama contre le mouvement Birther

J'avoue que comme titre d'article, ça n'attire pas autant l'œil que "Obama contre Godzilla", malheureusement, à ma connaissance, le roi des lézards n'a encore jamais menacé l'actuel président américain, pas même dans une théorie du complot.

Car c'est une fois de plus d'une théorie du complot que je vais te parler aujourd'hui (c'est la saison). Car sans doute l'ignorais-tu, lecteur naïf, mais Barack HUSSEIN Obama n'est pas un citoyen américain ! Il est en Vérité né au Kenya et ne devrait à ce titre pas être président ! C'est en tous cas ce qu'affirment un nombre déprimant de personnes pas du tout motivées par la moindre xénophobie que ce soit.

1. Naissance d'une idée débile


Tout commença probablement alors qu'un blogger connu sous le pseudonyme de Judah Benjamin, apparemment un peu aigri que sa favorite Hillary Clinton ait perdu les primaires du Parti Démocrate, produisit deux articles (où il se montra quelque peu énervé contre les minorités) dans lesquels il affirma que quelque soit le lieu de naissance de Barack Obama, celui-ci ne pouvait être un citoyen américain, puisque son père était kenyan. Il n'avait de toute évidence jamais entendu parler du droit du sol, mais passons.

Rapidement, cette amusant hypothèse fut reprise très sérieusement par d'autres politiciens, tels que le tristement célèbre Donald Trump*, mais aussi l'ex-avocat et "journaliste d'Internet" Andy Martin, auto-proclamé "Roi des Birthers", qui découvrit également une horrible Vérité : Barack Obama, non content d'être un étranger, était aussi un musulman ! D'autres rumeurs du même genre naquirent rapidement, y compris plusieurs affirmant qu'il était membre des Black Panthers.

Yes, we Allah'ackbar !

A cette légion de fadas de tous poils se joignit Joseph Farah, fondateur de World Net Daily (tout est dit), le truther Gary Kreep, et surtout le docteur Orly Taitz**, supposément avocate elle aussi, à ceci près que son diplôme lui a été délivré par une université non-reconnue par l'état. Un coup des Illuminatis, à n'en pas douter.

Un sondage réalisé fin juillet 2009 montra que seuls 42 % des Américains croyaient qu'Obama était né aux USA, tandis que 23 % croyaient qu'il avait bel et bien vu le jour à l'étranger. La Vérité gagnait du terrain ! D'ailleurs, le supposé président n'avait jamais publié son certificat de naissance. Quelle preuve supplémentaire fallait-il pour démontrer sa culpabilité ? Certes, aucun des précédents présidents ne l'avait fait non plus, mais les autres n'étaient pas n... euh... démocrates.

Easy mistake.

2. (Im)maturité


Orly Taitz fit alors avancer sa cause en publiant ce qu'elle affirmait être le certificat de naissance kenyan du non-président... et qui se révéla en fait être un faux grossier (apparemment, c'était une blague d'un blogger anonyme). Sérieusement, le gouvernement iranien lui-même aurait fait mieux. Refusant de se laisser démonter, la doctoresse affirma que c'était aux cours de justice de décider s'il s'agissait ou non d'un faux document.

Et pourtant, il a commis ceci, le gouvernement iranien.

Pourtant, dès la semaine des élections présidentielles de 2008, l'état d'Hawaï avait confirmé que Barack Obama était bel et bien né sur son sol. L'équipe du futur président avait même produit un certificat de naissance en forme courte. Les birthers n'en eurent cure : pourquoi sous forme courte (outre le fait que ce soit suffisant pour prétendre à la citoyenneté américaine) ? Où est le certificat sous forme longue ? Complot ! Complot !

Excédé par ses pitreries, Obama finit par publier le certificat sous forme longue tant exigé, alors qu'il n'était pas obligé de le faire, espérant que ça calmerait ses détracteurs. Fol espoir, car rien ne peut arrêter un conspirationniste, surtout lorsqu'il a des livres à vendre. Les birthers se mirent alors à demander les preuves qu'il avait bien été à l'université aux USA. Donald Trump alla jusqu'à demander ses dessins de maternelle. D'autres admettent implicitement qu'aucune preuve ne sera jamais suffisante, puisque les services secrets les auront certainement toutes falsifiées (y compris un faire-part de naissance publié dans un journal local).

3. Des liens pour aller plus loin


- Une section entière du site Snopes consacrée aux très, très nombreuses rumeurs courant sur le président américain.
- Une longue charte de toutes les théories du complot (ou presque) impliquant Barack Obama. Tu savais déjà qu'il était musulman et communiste, mais savais-tu également qu'il avait été marié un homme pakistanais, qu'il était citoyen indonésien, qu'il était le fils de Malcolm X, qu'il est reptilien et qu'il est l'Antéchrist ? Puisque je te le dis !



* Mais si, rappelez-vous... Le type qui a réussi à faire faire banqueroute à un casino. Plusieurs fois !
** Elle est dentiste, si vous vous demandiez.

11 février 2013

7 février 2013

Le terrifiant complot des homos

Dans l'univers très particulier des théories du complot, il y a plusieurs grandes catégories : il y a par exemple les super-théories du complot (celles à base d'Illuminatis, de Juifs sionistes, de Francs-maçons, etc.) et les théories du complot loufoques (telles que certaines de celles déjà évoquées dans ce blog). Et puis, il y a les théories du complot qui sont un peu un mélange des deux, saupoudrées d'une épaisse couche de xénophobie -ou en l'occurence d'homophobie. En voici un parfait exemple et véritable archétype : la théorie du terrifiant complot des homos !

1. They took our kids !


"As a mother, I know that homosexuals cannot biologically reproduce children; therefore, they must recruit our children." ("En tant que mère, je sais que les homosexuels ne peuvent biologiquement se reproduire ; donc, ils doivent recruter nos enfants") disait Anita Bryant à une époque où l'Amérique profonde était encore plus fêlée qu'aujourd'hui. Cherchez pas la logique dans ce joli discours, y'en a pas.

C'est ainsi que l'on peut résumer le cœur de cette théorie du complot, appelé par ses tenants le recrutement homosexuel. Car, comme nous le "savons" tous, on ne nait pas gay, on le devient. C'est un choix (le mauvais). Hors, étant donné que nous sommes tous purs, si certains d'entre nous choisissent la vile voie des sodomites et des gomorrhéens, c'est forcément qu'ils ont été corrompus par d'autres gays cherchant à les convertir à leur cause !

Oh noes !
A cette fin, les tenants de cette théorie affirment que les gays cherchent à placer nombre des leurs à des postes-clés, tels qu'enseignant ou professeur, afin de séduire les petits enfants et les entraîner vers le côté obscur de la sodomie. Car, comme nous le "savons" tous encore une fois, la pédophilie et l'homosexualité c'est bonnet blanc et blanc bonnet.

Terrifiés par cette invasion des homos pas-du-tout-inventée-pendant-une-cuite-au-whisky-je-le-jure-sur-la-Bible, de nombreux bons citoyens américains tentèrent en 1978 de faire passer l'Initiative Briggs, un projet de loi pour interdire aux gays et aux lesbiennes, ainsi qu'à toute personne ayant le culot de défendre leurs droits, de travailler dans un établissement scolaire public. Cette mesure était tellement conne que même une bonne partie de la droite chrétienne des USA (y compris le président Ronald Reagan) s'y opposa avec véhémence.

Mais tout ceci n'est en réalité que la première étape de l'homosexual agenda. D'après la revue très très sérieuse et pas du tout fondamentaliste Christian Post, les gays ont pour projet secret de (et je cite avec des guillemets) :
"1. décriminaliser la sodomie,
2. Mettre à égalité l'âge de la maturité sexuelle pour les rapports homosexuels avec celui des rapports hétérosexuels.
3. Faire passer des lois anti-discrimination, par exemple en faisant enseignant l'égalité dans les cours d'éducation sexuelle.
4. Autoriser les mariages ou union civiles homosexuels.
5. Permettre aux gays d'adopter."

En d'autres termes, les pédés ont le cran d'exiger d'être traités de la même façon que les hétéros ! Mais comment peuvent-ils oser ?


Décidant d'aller encore plus loin, d'autres joyeux représentants de l'extrême-droite extrêmement chrétienne imaginèrent également une autre théorie du complot, moins populaire aujourd'hui qu'elle ne l'était dans les années 80, faisant état de l'existence d'un complot gay surnommé Homintern (en référence au Komintern) ou encore "Mafia Gay", par lequel les homosexuels contrôlent le milieu des arts et des médias -car c'est bien connu que tout le monde au cinéma est gay, même Emma Watson*- ceci dans le but de poursuivre l'agenda sus-mentionné.

Et si tu penses être à l'abri de ce genre de mabouls, jeune homosexuel français, permets-moi de te rassurer aussitôt : on a les mêmes à la maison ; en multiples exemplaires.

2. Pray the Gay Away


Mais ne panique pas, jeune lecteur ! On peut combattre l'homosexualité ! Tout d'abord grâce à la thérapie réparatrice, ou thérapie de conversion, afin de convaincre les jeunes garçons de "laisser tomber leurs poupées Barbies" afin de devenir des vrais de vrais machos, machos men. A cette fin, des techniques indubitablement pleines de bon sens ont vu le jour.

Ceci n'est pas un exemple.

L'une des plus répandues (et des plus terrifiantes) est la thérapie par aversion. Le principe est le suivant : on colle le "malade" devant du porno gay tout en lui faisant consommer des substances gerbantes (au sens littéral du terme) telles que le sirop d'ipecac. De la sorte, le "malade" associe l'envie de gerber avec ce qu'il vient de voir. Un lecteur pas trop imbécile fera remarquer que le seul accomplissement de cette thérapie sera de dégouter la personne de regarder du porno gay, pas d'être gay**.

Une autre méthode appelée "Hugging", mise au point par Robert Cohen, "ex-gay" et "spécialiste" de la thérapie de conversion, part du principe que les gays sont gays à cause de problèmes non résolus avec leur père (selon cette logique, les hétéros sont-ils hétéros à cause de problèmes non résolus avec leur mère ?). Afin de régler cela, Cohen propose un gros câlin au "malade", durant lequel Robert se fait passer pour son père et ledit "malade" pour lui-même étant petit... C'est fou ce que tout cela à l'air très très hétérosexuel.

La troisième technique est celle dite du "renforcement des genres" (Gender reinforcement), dont le principe est encore plus simple (et encore plus con) : pour guérir les gays, ils faut les forcer à se conduire en vrais mecs ! Ainsi, le "malade" est enjoint à faire du sport (c'est bien connu que les gays ne font pas de sport) ou à construire des trucs (les maçons homos, ça n'existe pas non plus). De leur côté, les homosexuelles sont encouragées à pratiquer des activités telles que la couture, le maquillage, s'occuper des bébés (autre fait bien connu : toutes les femmes hétérosexuelles veulent des bébés) et toutes sortes d'autres trucs de gonzesses.

Ces thérapies, sans nul doute très très efficaces, sont désormais interdites dans un nombre croissant de parties du monde, y compris récemment dans l'Etat de Californie, preuve manifeste que les gays sont bel et bien en train de prendre le pouvoir partout !

Oh, et comment ne pas mentionner ces prêtres évangélistes qui affirment que se faire violer par un démon peut rendre gay ? La solution est alors évidente : il suffit au pauvre possédé d'accepter le Christ comme son sauveur personnel et le tour est joué. 

3. Bonus round : la loi de Haggard


Je ne pouvais pas décemment finir cet article sans parler de cela...

Il n'y a rien d'effrayant sur cette image.
La loi de Haggard stipule que : "Plus les objections d'une personne à l'égard de l'homosexualité sont fréquentes et fortes, plus grandes sont les chances que cette personne soit homosexuelle". Elle fut nommée en hommage à Ted Haggard, qui fut le chef de la New Life Church de Colorado Springs, très connu pour ses propos éminemment homophobes. Jusqu'à ce qu'un beau jour, Teddy se révèle être un consommateur régulier de méthamphétamine... et de prostitués. Heureusement, il fit un mois de thérapie de conversion intensive, et il affirme désormais être 100 % pas gay du tout. Si, si. Juré, sur la vie de sa mère. Complètement hétérosexuel, qu'on vous dit.

Une autre excellente autant qu'amusante illustration de cette loi est l'ex-sénateur républicain Larry Craig. Il fut arrêté en 2007, lorsqu'il se rendit dans les toilettes de l'aéroport de Minneapolis, et décida de faire quelques propositions scabreuses... à un flic en civil. Il plaida coupable, et signa une confession écrite, avant de revenir sur ses propos et d'affirmer qu'il n'était pas gay et n'avait rien fait de mal. Honteux, il jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y reprendrai plus : à partir de maintenant, il va plutôt faire ça dans les ruelles derrière les bars, comme tout le monde.

A voir à ce sujet : l'hilarant site Gay Homophobe, qui compte le nombre de jours depuis qu'un célèbre homophobe se retrouve impliqué dans un scandale sexuel avec d'autres mecs. Le dernier vainqueur, au moment où je rédige ces lignes, est Ryan Muehlhauser, qu'on applaudit bien fort !

Allez, tout le monde chante maintenant !




Si seulement...
** Un lecteur encore moins imbécile et particulièrement cultivé fera également remarquer qu'il s'agit là de la méthode employée sur le protagoniste du livre et film Orange Mécanique, à la fin desquels les résultats de ladite thérapie n'étaient pas particulièrement probants...